La Diagonale, c'est quoi?


Une course de 170 km et 11000m de dénivelé positif, à faire dans un temps limite de 66h30. 



Un petit peu d'histoire d'abord :
Il y a encore une quinzaine d'années, on courrait essentiellement sur le bitume, le Graal à atteindre un jour pour les coureurs, était le marathon, et bien sûr le mythique New York City marathon. Il existait bien quelques courses de montagne, mais qui ne dépassaient pas la vingtaine de km, et qui étaient très peu popularisées, hormis peut-être la course des Crêtes d'Espelette qui affiche plus de 30 années d'existence ou la 6000D dans les Alpes. 
Personnellement, c'est au cours d'un voyage à La Réunion en 96, après qu'un reportage sur le facteur de Mafate passé à la télévision ait déclenché mon envie de traverser cette île en rando, que j'ai découvert l'existence de cette course qui à l'époque "ne faisait" que 125 km. Alors que nous étions dans le cirque de Mafate depuis trois jours, où aucune route n'existe, avec nos sacs à dos et en direction de l'ilet aux orangers, nous avons vu surgir de nulle part un homme vêtu très léger (short/ts/basket/gourde), et volant sur les pierres. Mais d'où sortait-il et que faisait-il aussi légèrement équipé? Pour moi, c'était hallucinant, sachant que nous étions forcément à trois jours de toute civilisation. Je courrais régulièrement déjà depuis trois ans, et je n'avais jamais osé imaginer que l'on pouvait courir en montagne, et de plus sur des distances aussi longues. Nous avons donc appris que ce gars devait s'entraîner pour la diagonale, la seule course ultra existant à l'époque et qui s'est créée en 1992. Inutile de dire qu'à ce moment là, je ne m'imaginais pas capable de réaliser une telle course un jour, je n'avais pas encore fait de marathon d'ailleurs, j'étais juste allée jusqu'au semi. Entre 1h45 de course et 3 jours non stop, il y a un monde.
Puis le trail a commencé à se développer en France, avec tout d'abord la création de la course des Templiers en Aveyron, (65 km et 3000 de D+), puis d'autres ont commencé à voir le jour, avec des distances allant de quelques km à 70 environ. En 2003, l'association des trailers du Mont Blanc voit le jour, crée l'UTMB (170 km, 10000 de D+), sur le modèle de la Réunion. C'est un succès mondial, les coureurs affluent de partout, l'organisation crée d'autres formats (CCC, TDS, PTL) et dès la première mise en ligne de réservation de dossards par internet, ces derniers partent en 3' à 7 ' selon les courses. Autrement dit, c'est la folie. L'organisation, l'année suivante décide donc de mettre en place un tirage au sort avec pré-inscription, puis un système de qualification aux points pour être éligible, de 4 points en 2010, on passe à 5, puis 7 pour 2013. Pendant ce temps, les Pyrénées voient la création de leur ultra en 2008, le Grand Raid des Pyrénées (160 km, 10000 D+). Parallèlement à la création de ces ultras, c'est l'ensemble du territoire qui voit l'explosion des trails, actuellement on en compte près de 2000 selon le dernier calendrier Vo2 2013 pour 7000 courses au total (4500 en 1995). D'autres ultras de format 150-180/10.000-12000D+ ont vu le jour depuis, comme l'Ultra Andorra, qui est peut-être le plus dur, 2013 verra l'UT4M du coté de Grenoble, mais aussi un autre du coté de Belledonne, les Vosges ont le leur, etc... De plus, de nombreux formats intermédiaires, d'une centaine de km ont également vu le jour. Bref, c'est l'embarras du choix. 

Devant une telle offre, on peut dire que les coureurs et les organisateurs sont devenus fous, car le trail a également mis à mal toutes les lois de l'entraînement que l'on connaissait jusqu'à présent concernant les sports d'endurance. En effet, jusqu'à il y a peu, on considérait qu'il ne fallait pas faire plus de deux marathons par an et quelques courses intermédiaires de distances inférieures. Or, aujourd'hui, on observe une quantité invraisemblable de coureurs, quelque soit leur niveau, leur âge, enchaîner des dizaines de marathons par an, ou des traileurs enchaîner l'Utmb, puis quinze jours après le Tor des Géants en Italie (330 km et plus de 20000 de D+), puis la Diagonale. Oscar Perez, a gagné en 2012 l'ultratrail du Puy Mary fin juin 2012 (105 km/5000 D+), puis 15 jours après l'ultra andorra (180 km/12000 D+), et le Tor des Géants début septembre, des exemples comme le sien, il y en a pléthore, même chez nous en Gironde. Les limites de l'homme existent-elles finalement? 

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